Paris Match

On l’avait quitté en mai au Festival de Cannes plutôt affaibli, terrassé par la récente disparition de son âme sœur, son épouse, Eleanor. On le retrouve le week-end dernier au Festival de Deauville, plus alerte. « Quelqu’un peut raconter une blague ? » demande-t-il pour détendre l’atmosphère pendant la séance photo qu’il nous accorde, clairement pas sa tasse de thé. Le cinéaste de la trilogie du « Parrain », d’« Apocalypse Now » ou de « Dracula », double Palme d’or et couvert d’Oscars, veut monter au front. Défendre coûte que coûte son « Megalopolis » malmené par la critique, un projet dantesque, récit de l’affrontement entre le pouvoir et la création, la gloire et le purgatoire, qu’il rêve de faire depuis plus de quarante ans. Qu’il a financé lui-même…

De Francis Ford CoppolaAvec Adam Driver, Giancarlo Esposito… Faut-il à tout prix réaliser le film de ses rêves, malgré les événements qui n’auront cessé de le faire capoter ? C’est la question qu’on peut se poser avec « Megalopolis », film tellement espéré, aux antipodes de ce qu’on pouvait en attendre. Oubliez vos envies de « Parrain » ou d’« Apocalypse », le metteur en scène a voulu son film comme un pied de nez. Un retour aux sources de son cinéma : rebelle, foncièrement indépendant, sans concession. Il fallait du culot pour investir 100 millions de dollars de sa poche pour faire naître cette diatribe sur le pouvoir, oser un humour potache, des acteurs heureux d’en faire des caisses, assumer des séquences, trop longues, parfois ratées… Coppola signe un film…

Années 1970. La sonnerie de la porte retentit. Eilis Lacey ouvre à un inconnu. L’homme lui apprend que son mari a mis enceinte son épouse. Dès que l’enfant naîtra, il lui remettra le « bâtard ». « Long Island » est la suite de « Brooklyn » (Robert Laffont, 2011). Colm Toibin est un romancier subtil, peintre des destins contrariés. Dans le beau « Brooklyn », adapté au cinéma par John Crowley en 2015, l’Irlandaise Eilis Lacey s’était exilée aux États-Unis. Elle s’était mariée, en secret, à un plombier italo-américain. La jeune épouse de Tony Fiorello revenait en Irlande, pour une brève période, à la suite de la mort de sa sœur, Rose. Là, elle tombait amoureuse de Jim Farrell. Mais Eilis Lacey décidait de retourner aux États-Unis, auprès de…

Elle s’est imposée à eux, sur la foi d’une parole en l’air. « Un journaliste venu tourner un reportage sur mon travail m’a demandé il y a trois ans quel était notre projet en cours. À Fécamp, où nous vivons, tout le monde connaît Anita Conti. Alors j’ai sorti son nom », raconte Catel. « Et on s’est pris au jeu », sourit son compagnon et scénariste, José-Louis Bocquet. À lui, les recherches et la documentation, « afin d’avoir la vision la plus complète de notre héroïne ». À elle, les crayons. Anita Conti, était née à la fin du XIXe siècle et, par sa force de conviction, s’est imposée comme océanographe, dans un monde alors réservé aux hommes. D’abord journaliste, elle embarque dès 1939 sur les terre-neuvas fécampois qui partent…

Face à la menace terroriste, il virevolte, il castagne, il défouraille. Avec « Paris Has Fallen », l’efficace superproduction de Canal+, Tewfik Jallab rentabilise des années de pratique intensive des arts martiaux et de la boxe et devient un héros universel et « bankable ». Il y a du Jean-Paul Belmondo comme du Daniel Craig dans sa partition : « Des modèles, évidemment », acquiesce-t-il. Entièrement tournée en anglais et créée par Howard Overman (« La guerre des mondes », « Misfits »), l’explosive série puise son inspiration dans la trilogie cinématographique « La chute », succès au box-office international. Première incursion dans une grosse production exportable à l’envi, ce personnage de garde du corps de ministre, « lonesome cow-boy » aux prises avec la sûreté de l’État, relève de…

De Mohammad Rasoulof.Avec Misagh Zare, Soheila Golestani… Il y a des films nécessaires. Ceux qu’il faut voir pour savoir et comprendre. Une nouvelle fois, après « Un homme intègre » et « Le diable n’existe pas », le cinéaste iranien, désormais en exil forcé, raconte l’Iran contemporain, les tiraillements d’une société où liberté, modernité et tradition se confrontent. Portrait d’un juge proche du régime et de sa famille pendant le soulèvement de la jeunesse de Téhéran en 2023, cette fresque en huis clos, tournée en catimini, tisse minutieusement la toile d’araignée des contradictions et des interdits d’une société au bord de l’implosion mais qui ne se donne pas à voir. Rasoulof n’a pas besoin d’en rajouter sur le manifeste, son film, pétri de cinéma, parle pour lui.…