Le Point

L’Histoire revient souvent sur ses pas. En quelle année sommes-nous ? Sans doute en 1958, quand la IVe République s’est écroulée, mais sûrement pas en 1940 ou en 1870, dates qui symbolisent l’effondrement de la France après ses lourdes défaites militaires contre les Prussiens puis le IIIe Reich nazi. Il y a de la lumière au fond du tunnel. En 1958, la France était par terre quand de Gaulle a soulevé son cadavre, lui a redonné vie et l’a remise debout en quelques mois seulement. Surendettée, avec un taux d’inflation de 15 %, au bord de la guerre civile à cause du conflit en Algérie, on aurait dit qu’elle n’attendait que de ressusciter. N’en déplaise aux déclinistes qui nous annoncent tous les jours sa mort cérébrale à cause des prétendus…

Il est des renoncements silencieux, des abdications sans fracas. C’était hier, et pourtant il semble lointain ce temps où la voix de l’Europe était principalement portée par Emmanuel Macron. En 2017, avec son fameux discours de la Sorbonne, c’est lui qui proposait un cap alors que le continent se prélassait dans une continuité molasse. En 2019, c’est encore lui qui fut le principal architecte de la première Commission von der Leyen, jouant un peu le rôle de « parrain ». En 2020, ce sont ses positions qui prévalent : le grand plan d’investissement européen, assis sur de l’emprunt commun, fut le fruit du ralliement d’Angela Merkel à une idée qu’il défendait depuis longtemps. L’Europe lui a ouvert les bras, il aura beaucoup gâché. « Opportunité : occasion favorable pour saisir…

Visite de courtoisie à la romancière Raphaëlle Milone dans sa chambre à l’hôtel La Louisiane (60, rue de Seine, Paris 6e), où elle est en train d’écrire son deuxième roman. Sur les murs et les portes, plusieurs centaines de Post-it qu’elle est la seule à pouvoir déchiffrer. Quel beau et angoissant spectacle, celui d’un jeune écrivain enfermé dans son œuvre. On a peur pour lui, connaissant la sauvagerie avec laquelle un roman traite son auteur, ne lui laissant, tout le temps de sa rédaction, nul loisir, le séparant de sa famille et de ses amis, compromettant sa raison et son foie. Raphaëlle s’empresse de me faire monter par un effrayant petit escalier de bois à la terrasse du sixième étage, d’où Simone de Beauvoir voyait tout Paris et où elle…

Pour Bruno Le Maire, c’est trop tard. Mais son successeur à Bercy gagnerait à être envoyé en stage à Dublin. Le nouveau ministre des Finances y apprendrait que la République d’Irlande gère si bien ses comptes publics qu’elle ne sait que faire de ses excédents budgétaires. Pour la troisième année consécutive, le « Tigre celtique » va dégager un surplus supérieur à 8 milliards d’euros en 2024. Pour un petit pays, qui ne compte guère plus de 5 millions d’habitants, ce sont là des sommes considérables. Et comme si cela ne suffisait pas, la Cour européenne de justice vient de lui ordonner de récupérer 14 milliards d’euros (intérêts compris) d’impôts impayés par la multinationale américaine Apple. Une pluie d’or ! L’Irlande revient de loin. Pendant la grande crise financière de…

Rien n’illustre mieux la situation critique dont hérite Michel Barnier, cumulant stagnation économique, explosion des faillites, crise des finances publiques et paupérisation des Français, que le secteur du logement. Alors qu’il constitue avec la santé, l’éducation et la sécurité l’un des services de base vitaux pour les Français, alors qu’il représente un tiers des dépenses des ménages, alors qu’il est déterminant pour l’intégration et la cohésion sociales, il n’a pas été seulement abandonné mais méthodiquement détruit par Emmanuel Macron et ses gouvernements, au nom d’un préjugé absurde qui l’assimile à une rente. La France connaît une crise du logement sans précédent depuis les années 1950. Les mises en chantier chutent de 23 % en 2024, après avoir perdu 24 % en 2023 et 5 % en 2022. Les ventes s’effondrent…

L’économie française est descendue de son Olympe éphémère et le retour sur terre est brutal, avec, en cette rentrée, une croissance au point mort, une consommation en berne et des défaillances d’entreprises en forte hausse. Avec, surtout, un déficit déjà excessif qui se creuse encore, une dette qui continue d’enfler, Bruxelles, les agences de notation et les marchés financiers qui menacent de nous sanctionner. Bonne nouvelle pour Michel Barnier, pour redresser les finances publiques, il peut a priori compter sur le soutien des Français qui semblent – enfin – avoir pris conscience de la gravité de la situation. Selon un sondage Elabe réalisé pour Les Échos et l’Institut Montaigne, 80 % d’entre eux jugent « urgent » de réduire la dette. Ce pourcentage monte à 96 % chez ceux qui…